Marx, à mesure- 22 : Les années 1852 à 1856

Marx, à mesure3 septembre 2018

 

Les quelques ressources financières dont disposaient Marx et son épouse Jenny lors de leur arrivée à Londres en août/septembre 1849 ne vont pas tarder à s’épuiser. L’installation de la famille en décembre 1850 dans le très modeste appartement du 28, Dean Street à Soho témoigne d’une situation d’im­pécu­niosité, proche de la pauvreté, voire, en diverses circonstances, de la misère.

On se rappelle que Marx avait consacré le principal de ses avoirs à la fondation, en juin 1848, de la Nouvelle Gazette Rhénane. La collecte des actions en vue de doter la société éditrice du journal n’avait pas fourni, en effet, les résultats escomptés (à peine la moitié des 30.000 thalers prévus) et Marx avait été conduit à devoir progressivement investir dans l’entreprise l’essentiel de son héritage paternel. Or son ex­pul­sion de Prusse, en mai 1849, ne lui a guère laissé le loisir de récupérer une partie de sa mise, à peine la vente de la presse qui n’aura servi pour l’essentiel qu’à honorer les derniers paiements et les dernières dettes du quotidien.

L’échec éditorial et financier de la Neue Rheinische Zeitung-Revue qu’il fonde à Londres avec Engels dès le 15 décembre 1849 le laisse désormais sans aucun espoir d’un revenu fixe. La famille est con­trainte de survivre à coups d’expédients, et principalement de l’aide, même si très modeste au début, que va lui fournir Engels, lequel, vers la mi-novembre 1850, s’installera à Manchester pour prendre du service dans l’entreprise de son père.

C’est en vain que Marx et son épouse solliciteront l’aide de leur famille respective. La mère de Marx reste sourde aux appels, malgré la menace qu’il lui adresse un jour de tirer des traites sur son compte et, en cas de non paiement, de se rendre en Prusse pour s’y faire arrêter et mettre en prison pour dette. La mère de Jenny déclare, quant à elle, avoir tout dépensé pour envoyer son fils Edgard à Mexico.

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On comprend que dans un tel contexte, Marx ait accueilli comme une voie de salut la proposition que lui transmet, en août 1851, Charles Anderson Dana de se faire le collaborateur du journal américain The New York Daily Tribune à raison de deux articles par semaine.

Marx sera incapable d’honorer les premiers engagements de ce contrat, et cela pour deux raisons, l’une technique, l’autre d’ordre intellectuel.

Une raison technique ? Elle réside dans son incapacité, à cette date, de maitriser la langue anglaise. Il se verra donc contraint de solliciter l’aide directe de son ami Engels qui fournira sans tarder la série des articles sur les événements révolutionnaires de 1848-1849 en Allemagne et en Autriche.

Une raison d’ordre intellectuel ? Oui, car dès le mois de mai 1850, s’inscrivant à la bibliothèque du British Museum, il s’est remis au travail dans la perceptive de reprendre la rédaction de son Économie.

Or ces travaux de recherche n’aboutiront pas.

En cause, les débats au sein de l’immigration, qui vont mobiliser une grande part de son énergie.

En cause, l’absolue nécessité de se consacrer en priorité au journalisme alimentaire.

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L’objet de ce fascicule est de fournir un aperçu des travaux de Marx et d’Engels au cours de cette période qui couvre les années 1852-1856.

Ces travaux sont de deux sortes.

Les premiers, peu nombreux, appartiennent aux recherches qui accompagnent la brève reprise par Marx de ses tra­vaux théoriques.

Les seconds, très nombreux, appartiennent au contrat de journaliste que Marx a conclu avec Charles An­derson Dana.

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La prochaine étape de l’aventure intellectuelle et politique de Marx et d’Engels aboutira à la rédaction des manuscrits de 1857 et bientôt à la fondation de la première Internationale.

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