L’impact de la pandémie au sein du Mercosur

Analyse27 décembre 2020 |

C’est peu dire que le Coronavirus a particulièrement frappé l’Amérique du Sud. A commencer, d’ailleurs, par les deux géants du Mercosur que sont le Brésil et l’Argentine. Les chiffres sont particulièrement éloquents. Avec un taux de létalité de 2,7%, l’Argentine ne se situe pas très loin de la Belgique (taux de létalité de 3 %). Au Brésil, où les autorités ont tardé à mettre en place des politiques de confinement, on note un taux de létalité de 2,6%. Au Brésil et en Argentine, le coronavirus avait, en date du 22 décembre, fait plus de 239.000 victimes (187.322 au Brésil et 41.997 en Argentine). L’impact de la crise sanitaire sur les PIB argentin et brésilien sera pourtant contrasté. Pour le Brésil, l’année 2020 se soldera par une chute du PIB de 4,4%. En ce qui concerne l’Argentine, la récession sera beaucoup plus profonde puisque la diminution du PIB, mesurée sur un an, sera, en 2020, de 12,9%. En effet, en dépit de données économiques difficiles, le gouvernement argentin continue à bénéficier d’une bonne cote de popularité auprès de l’opinion publique. 45 % des Argentins se montraient, au début du mois de décembre de cette année, satisfaits de la gestion de la crise par l’équipe au pouvoir. On rappellera qu’avec 45% des suffrages, un candidat à l’élection présidentielle est, en Argentine, directement réélu au premier tour.Autrement dit, si des élections avaient lieu demain, les Argentins choisiraient encore de faire confiance au gouvernement en place. Sans doute parce que celui-ci a choisi de défendre le droit à la santé et à la vie au lieu de s’attacher à privilégier la sauvegarde de l’économie.Il s’agit là d’une différence majeure par rapport à la situation brésilienne où l’administration Bolsonaro a choisi de ne pas imposer des mesures de confinement trop strictes, quitte à laisser progresser l’épidémie, et ce, afin de préserver le tissu économique local. C’est ainsi que le Brésil dispose d’incontestables atouts sur le plan économique. Les réserves extérieures du pays (344,6 milliards de dollars) équivalaient, en novembre 2020, à 24,9 mois d’importations. Il s’agit là d’un niveau suffisant pour faire face à la dette extérieure totale du pays (620,870 milliards de dollars). Pourtant, Jair Bolsonaro et son équipe ne jouissent pas de la même cote de popularité que le gouvernement argentin. Il faut peut-être voir, à ce propos, dans la crise du coronavirus un élément de réactivation du clivage droite-gauche en politique. Dans cet ordre d’idées, « sauver l’économie » n’est, en soi, pas une finalité de l’action politique. Encore faut-il garantir que la croissance économique serve des buts sociétaux plus ambitieux comme la solidarité ou la santé publique. La politique, ce serait donc d’abord de la gestion alors que le politique, ce serait avant tout de l’idéologie ? A méditer…

 

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