Marx, à mesure-29: Grundrisse (5): Le chapitre des « Formen »

Marx, à mesure10 septembre 2021

Le présent fascicule est le dernier de la série que nous avons consacrée au manuscrit des Grundrisse.

Il se propose de parcourir le chapitre connu sous le titre de Formes antérieures à la production capitaliste et de faire le point, autant que possible, sur les multiples problèmes théoriques que ces pages ont suscités.

Si célèbres sont elles, ces pages ne sont guère d’une lecture facile.

Elles doivent d’abord leur difficulté aux libertés d’écriture que s’autorise le manuscrit de Marx. Le texte, nous le savons, n’a pas été relu en vue d’une publication et son auteur procède le plus souvent en réfléchissant pour lui-même. Les digressions sont nombreuses. Les passages obscurs ne manquent pas.

Or l’attention est d’autant plus sollicitée qu’à la différence des autres chapitres, celui sur l’argent ou celui sur le capital, qui ont connu par la suite une rédaction soignée, ces développements n’ont pas été repris par Marx, du moins sous la forme d’une démonstration construite. Les appuis d’une comparaison avec d’autres écrits postérieurs font ainsi défaut.

Le contraste est par ailleurs saisissant entre la relative minceur de cette matière, une quarantaine de pages selon les éditions1, et la masse des commentaires qui, au fil du temps, ont été publiés à leur sujet.

Les vraies difficultés appartiennent, à vrai dire, au vaste champ de recherches qu’ouvrent ces analyses de Marx. Ce ne sont pas moins que les premières avancées dans le domaine du matérialisme historique. Et cette dimension inaugurale explique le caractère exploratoire de la démarche de Marx, les risques que prennent ses hypothèses.

C’est le cas notablement pour ce qui concerne le mode de production dit asiatique.

Nous lui avons réservé une note particulière en rapport avec la foison des commentaires théoriques et politiques que cette catégorie a engendrés. Des questions qui nous emportent loin et sur lesquelles nous reviendrons à notre manière, « à mesure ».

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Le deuxième cahier de ce fascicule aborde les débats et controverses qui ont accompagné cette matière.

D’abord, une brève évocation des travaux de Moishe Postone qui s’est précisément appuyé sur les Grundrisse pour élaborer son interprétation du Capital de Marx et ses analyses du capitalisme contemporain.

Ensuite, au prix, certes, d’une dérogation au principe de notre procédure chronologique, un exposé plutôt circonstancié des échanges qui se sont multipliés sur la question de la communauté rurale russe dite l’obchtchina ou le mir, et tout particulièrement de la querelle survenue à ce sujet, en 1874 et 1875, entre Friedrich Engels et le militant populiste russe Pyotr Nikitich Tkatchev.

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Le troisième cahier ajoute trois documents, par souci de complémentarité.

Le premier reproduit l’essentiel de la correspondance échangée en février/mars 1881 entre Marx et la militante russe Véra Zassoulitch.

Le deuxième reproduit sans commentaire un extrait des pages attribuées à Joseph Staline sous le titre Le matérialisme dialectique et le matérialisme historique. Elles trouvent leur place pour illustrer la manière dont le marxisme-léninisme aboutira à supprimer, en novembre 1938, toute référence doctrinale au mode de production asiatique.

Le troisième reproduit la déclaration signée à Londres, en juin 1874, par le groupe des réfugiés blanquistes de la Commune révolutionnaire. Elle a été le point de départ de la controverse entre Fr. Engels et P. Tkatchev.

1 pp. 410-452 du premier volume de l’édition de 1980 des Grundrisse aux Éditions sociales qui sera notre référence.

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