Front national. Un récit collectif basé sur la dis-société…

Analyse1 février 2016 |

Les résultats sont là. Clairs. Nets. Limpides même. On peut prendre les choses par tous les bouts. Le Front national est le grand vainqueur de l’élection régionale du mois de décembre 2015. Au fond, pour ce parti d’extrême-droite français, peu importe qu’il n’ait remporté aucune présidence de régions. Au contraire, ce résultat issu du désistement de la gauche au profit de la droite dans deux régions ne fait qu’alimenter son récit sur la collusion des « partis du système » unis afin d’« empêcher la démocratie de s’exprimer ».

Mais l’essentiel est ailleurs. L’installation du FN dans le paysage politique est confirmée. Après sa percée aux municipales suivie de l’élargissement de sa base aux élections européennes, voici le Front national premier parti de France avec 29,5 % des suffrages et 6,1 millions de voix au premier tour des régionales. Il lui reste donc à parachever l’offensive. Si rien ne change, et il y a peu de chances pour que quoi que ce soit évolue, Marine Le Pen sera battue sur le fil par un candidat de droite au second tour de la présidentielle 2017, avec un score qui peut s’étalonner entre 47 et 49 %. Derrière, madame Le Pen fera élire une centaine de députés. Si le président élu est Nicolas Sarkozy, elle pourrait obtenir 5 à 6 portefeuilles dans un gouvernement d’alliance entre droite et extrême-droite.

Une résistible ascension inscrite dans un temps long

Il ne s’agit pas là d’un coup de tonnerre dans un ciel serein. Celles et ceux qui ont la mémoire courte peuvent évoquer le « choc » du premier tour des élections régionales mais la résistible montée du parti d’extrême-droite s’inscrit dans un temps long, scandé par le score de 6,4 millions de voix obtenus par Marine Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle de 2012, la pole position du FN (24,86%) aux élections européennes de 2014 et, désormais, les 6,8 millions de voix exprimées lors du second tour des régionales. Pour rappel, les candidats FN aux cantonales de mars 2015, s’étaient contentés de 5,1 millions de suffrages…

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